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Crise agricole : le président de la FNSEA acte des avancées

Arnaud Rousseau, le 28 mars 2024, à Dunkerque lors du congrès annuel de la FNSEA.

Dans son traditionnel discours de clôture du congrès de la FNSEA, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, était venu donner des gages au syndicat, ce 28 mars 2024 à Dunkerque. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, reconnaît que le gouvernement avance sur la mise en œuvre des mesures pour répondre à la crise agricole.

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« On a obtenu des avancées, certes pas tout ce qu’on demandait, mais on a obtenu des avancées », a concédé Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA à la fin du congrès annuel du syndicat qui s’est tenu à Dunkerque, le 28 mars 2024.

La veille il avait dit vouloir « obtenir des réponses sur le comment et le quand ». « On veut déjà que ce qui était annoncé se mette en œuvre ce qui nous intéresse ce n’est pas l’annonce c’est le déploiement », avait-il déclaré.

Lors d’une table-ronde, plusieurs membres du réseau se sont montrés plus fermes, revendiquant que le compte n’y est pas et attendant du « sonnant et trébuchant dans les cours de fermes ».

« Des avancées comme jamais » pour Fesneau

C’est donc sous la pression que le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a prononcé son discours de clôture du congrès. Encadré sur la scène par les membres du bureau de la FNSEA et de 13 membres du réseau arborant des panneaux retournés sur lesquels était inscrit le nom de leur région.

« En deux mois, nous avons avancé comme jamais et ouvert des chantiers comme jamais », a-t-il déclaré. La FNSEA voulait du concret, du quand et du comment, le ministre est venu avec des clarifications, mais pas de nouvelle annonce.

Il a mis en avant les mesures déjà en œuvre de trésorerie, le GNR, aide MHE et prêt à taux bonifié négociés avec les Banque ainsi que le renforcement des contrôles sur la loi Egalim.

Mieux accompagner les agriculteurs en difficulté

La question des situations de trésoreries est un élément sur lequel Arnaud Rousseau semble être resté sur sa faim et pour lequel il aimerait voir le gouvernement aller plus loin notamment pour les agriculteurs en difficulté pour lesquels un accompagnement bancaire ne semble pas suffisant.

« On a un certain nombre de collègues qui sont dans des situations inextricables. C’est la raison pour laquelle j’ai assumé de dire que certains d’entre eux devraient être accompagnés [vers la cessation d’activité], parce qu’on ne peut pas simplement détourner le regard ou faire comme si on ne voyait pas cette situation catastrophique chez un certain nombre de collègues », avance le président de la FNSEA.

Réforme « structurelle » de la Pac

Le ministre a aussi insisté sur les avancées obtenues au niveau européen sur la simplification de la Pac. « On a fait en deux mois une réforme assez structurelle de la Pac, c’est une réforme en cours de la Pac », se félicite-t-il, tout en enjoignant les parlementaires européens « voter rapidement en l’état » les mesures de dérogations proposées sur la fin de la jachère et les assouplissements sur la BCAE 9 (prairies sensibles), BCAE 5 (travail du sol pour limiter l’érosion), BCAE 6 (couverture automnale des sols), BCAE 7 (rotation des cultures).

Contrôle unique pour l’été

Marc Fesneau a également annoncé qu’une mission avait été lancée sur le contrôle administratif unique et qu’il serait en œuvre à l’été.

« C’est ce que nous attendions, une date, un comment. […] C’était une attente forte des agriculteurs. Donc, je peux dire que sur un certain nombre de points aujourd’hui, on a avancé », s’est félicité après le discours du ministre, Arnaud Rousseau.

Des précisions de calendrier

Sur l’exonération TO-DE pour les travailleurs occasionnels, l’augmentation du seuil d’exonération à 1,25 Smic sera effective dès le mois de mai, a promis le ministre.

Le travail sera entamé sur l’assurance des prairies pour « renforcer le réseau de fermes références » pour une mise en œuvre progressive en 2024 et pleinement opérationnelle en 2025.

Le ministre a également lancé qu’un chantier allait être ouvert pour simplifier la réglementation sur les dates d’implantation des cultures intermédiaires et laisser plus de souplesse aux préfets sur la question des plans d’actions régionaux « nitrates ».

Gouvernance des agences de l’eau

Sur la question de l’eau, « nous allons faire en sorte qu’une centaine de projets puissent sortir en 2024 », ajoutant qu’en « un an, on a singulièrement avancé ». « Il faut des Sainte-Soline et dans les territoires, des projets qui permettent le stockage de l’eau », a clamé le ministre.

Il estime par ailleurs qu’il faut travailler sur la gouvernance des agences de l’eau : « Nous avons besoin de pouvoir travailler en bonne intelligence avec les agences de l’eau », avance le ministre, insistant sur la nécessité d’une gouvernance qui ne serait pas soumise à des décisions politiques.

Mécontentement sur le paiement des aides

Il a de nouveau assuré que le gouvernement avait tenu ses promesses sur le paiement des aides au 15 mars, rappelant que cet engagement portait sur les acomptes d’octobre (aides couplées, ICHN et aides ovines, caprine et bovine) mais pas sur toutes les aides de la Pac.

« J’entends les mécontentements. […] Je prends l’engagement d’accélérer les procédures » sur les MAEC et les aides bio, a promis le ministre sous les huées de la salle insatisfaite de cette promesse.

La loi d’orientation bientôt présentée

A ceux qui considèrent que le compte n’y ait pas, le ministre répond : « Le compte y sera quand la loi d’orientation agricole sera votée, quand les décrets de simplification seront pris. » Il a confirmé que le projet de loi d’orientation sera présenté en conseil des ministres ce mercredi 3 avril 2024, et qu’il pourrait être amendé, au cours des débats parlementaires, par d’autres mesures sur la simplification, le foncier ou la compétitivité, comme le demande la FNSEA.

« Je suis lucide sur le fait qu’on est au milieu du gué », a-t-il reconnu avant de clôturer son discours.

Macron attendu

Si le public ne semblait pas satisfait des avancées présentées par le ministre, Arnaud Rousseau a lui été plus indulgent. « On a plus de 20 ans de sédimentation d’amertume, de manque de dignité. Et ça, on sait très bien que ce n’est pas en trois semaines que ça partira », attendant maintenant des gages du président de la République.

« Maintenant, il faut que le président de la République dise ce qu’il en est. Et puis surtout parce que c’est son rôle et c’est là où on l’attend, qu’il puisse nous dire quelle est la vision, qu’il va porter », a-t-il déclaré. Marc Fesneau a confirmé qu’Emmanuel Macron a promis un rendez-vous rapide.

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